Burkina Faso : Deux avocats interpellés, tensions croissantes autour du Barreau

Deux avocats inscrits au Barreau ont récemment été arrêtés, le 5 et le 6 septembre 2025. Des arrestations qui suscitent l’attention de l’opinion publique et des instances juridiques.

Le premier cas concerne Maître Paul Kéré, impliqué dans une altercation survenue le 2 septembre à Zano, localité proche de Tenkodogo. Selon un communiqué du Procureur général près la Cour d’appel de Fada N’Gourma, l’avocat aurait fait usage de son arme de poing, blessant grièvement l’un des deux habitants impliqués. La victime a été prise en charge au Centre Hospitalier Régional de Tenkodogo. Me Kéré a depuis été placé sous mandat de dépôt .

Dans le deuxième cas, il s’agit de Maître Ini Benjamine Esther Doli. Le Parquet près le Tribunal de grande instance de Ouaga I a annoncé le 6 septembre l’ouverture d’une enquête à son encontre. Les griefs retenus incluent la trahison, l’outrage au Chef de l’État et l’entreprise de démoralisation des forces armées, sur la base de publications publiées en août sur son profil Facebook. Cette enquête avait été autorisée par le Procureur général près la Cour d’appel de Ouagadougou dès le 4 septembre .

Le Barreau du Burkina Faso s’est aussitôt élevé contre ces mesures. Il dénonce « des pratiques étrangères à la procédure pénale », notamment l’intervention armée à son domicile dans la nuit du 31 août au 1er septembre, la privation de liberté subie par Me Doli et la saisie de ses outils informatiques. Dans un communiqué publié le 5 septembre, le Barreau réclame sa libération immédiate et demande que toute procédure soit menée dans le respect strict de la loi .

Ces affaires mettent en lumière un climat de tension entre le pouvoir judiciaire, les autorités et le Barreau. L’opposition du Barreau témoigne d’une inquiétude concernant le respect des droits fondamentaux et de la procédure pénale. Par ailleurs, l’usage d’une arme par un avocat et les poursuites pour des propos tenus publiquement soulignent la sensibilité croissante vis-à-vis de la liberté d’expression.

Assane BAGAYA / Cosmos Ouaga

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