RDC – Condamnation de Constant Mutamba : l’ex-ministre de la Justice écope de trois ans de travaux forcés pour détournement de fonds

La République démocratique du Congo (RDC) est secouée par un nouveau scandale politico-financier. Le mardi 2 septembre 2025, la Cour de cassation de Kinshasa a condamné l’ancien ministre de la Justice, Constant Mutamba, à trois ans de travaux forcés et cinq ans d’inéligibilité pour détournement de fonds publics.

L’ex-ministre devra également rembourser à l’État congolais la somme colossale de 19,9 millions de dollars, versée illégalement à la société Zion Construction SARL dans le cadre d’un projet de construction de prison à Kisangani.

Un procès emblématique de la lutte contre la corruption en RDC

Âgé de 37 ans, Constant Mutamba avait présenté sa démission en juin 2025, dénonçant un « complot politique » orchestré contre lui. Pourtant, les faits reprochés sont graves : il est accusé d’avoir violé les règles d’attribution des marchés publics en autorisant le décaissement de près de la moitié du budget prévu pour une prison estimée à 40 millions de dollars, sans aval du gouvernement.

Le président de la Cour de cassation, Jacques Kabasele, a affirmé que Mutamba avait agi dans l’intention d’« enrichir frauduleusement » une société privée, au détriment de l’État. Le ministère public avait initialement requis dix ans de travaux forcés, mais la Cour a retenu une peine réduite, considérée néanmoins comme « sévère » par la défense.

Un climat politique tendu à Kinshasa

La lecture du verdict s’est déroulée sous haute sécurité. Militaires et policiers avaient bouclé les alentours de la Cour pour éviter des débordements. Escorté et masqué, l’ancien ministre est apparu combatif. Son avocat, Maître Paul Okito, a plaidé que son client « n’a pas volé un seul dollar », affirmant que l’argent reste disponible sur des comptes bancaires.

L’ironie d’un ministre anticorruption devenu accusé

Ironie du destin, Constant Mutamba s’était illustré en tant que ministre par ses prises de position radicales contre la corruption, allant jusqu’à proposer la peine de mort pour les détourneurs de fonds publics. Personnalité flamboyante et médiatique, il apparaissait régulièrement à la télévision nationale, sermonnant des détenus ou dialoguant directement avec les citoyens dans des clips institutionnels.

Un signal fort contre l’impunité ?

Cette affaire illustre les profondes fragilités de la gouvernance en RDC, régulièrement pointée par Transparency International comme l’un des pays les plus touchés par la corruption. Pour ses partisans, Mutamba est victime d’un règlement de comptes politique. Pour ses détracteurs, il symbolise les dérives d’une élite incapable d’incarner la transparence et la bonne gouvernance.

Avec cette condamnation, les autorités congolaises cherchent à envoyer un signal fort, dans un pays où les scandales de détournement de fonds publics minent la confiance de la population envers ses dirigeants.

Rédaction Cosmos Ouaga

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