Depuis le 2 mai 2025, le Conseil des ministres du Burkina Faso a adopté un décret instituant une immersion patriotique obligatoire pour tous les élèves ayant obtenu le BEPC, le CAP ou le Baccalauréat. Cette mesure s’inscrit dans la dynamique de refondation de la citoyenneté et dans la composante 7 de l’Initiative présidentielle pour une éducation de qualité pour tous (IPEQ). L’objectif : renforcer la discipline scolaire, le civisme, la propreté et l’attachement à la nation.
De l’idée à la mise en œuvre
Présentée comme une formation patriotique, civique et de cohésion nationale, cette immersion n’a pas vocation à être militaire, mais éducative et citoyenne, comme l’a précisé un cadre du ministère de l’Enseignement.
Le 24 juin 2025, le décret présidentiel N°2025-0780 est officiellement promulgué. Il précise que le programme dure 30 jours et se déroule en internat strict, sans visites familiales ni accès aux réseaux sociaux. Seules certaines dérogations sont prévues, notamment pour les femmes enceintes ou les mères d’enfants de moins de deux ans.
Le 9 août 2025, les nouveaux bacheliers sont attendus dans les centres d’accueil à travers le pays. Environ 60 000 jeunes, répartis sur 29 sites, entament ainsi ce programme inédit.
Objectifs pédagogiques et citoyens
Selon le ministère, l’immersion vise à former des patriotes sincères, attachés à leur pays et prêts à le défendre, dans un contexte marqué par des défis sécuritaires.
Le président Capitaine Ibrahim Traoré a officiellement lancé le programme le 13 août 2025, appelant les jeunes à devenir des citoyens intègres, solidaires et conscients des sacrifices de l’histoire nationale.
Des scepticismes à la transformation
Avant le démarrage du programme, critiques et inquiétudes étaient nombreuses. Certains craignaient un outil disciplinaire déguisé ou un recrutement militaire. Le ministre en charge de la jeunesse Aboubacar Savadogo a dû rassurer en soulignant qu’il ne s’agissait pas d’un enrôlement, mais d’une convocation patriotique obligatoire, assortie de sanctions en cas de refus (travaux d’intérêt général ou application du Code pénal).
Pour beaucoup d’immergés, l’expérience s’est révélée transformatrice :
« Avant de venir, je pensais que c’était une formation militaire. Maintenant, je comprends que c’est un acte de patriotisme, d’amour pour la patrie. Cela nous permet de nous souder entre Burkinabè », témoigne une participante.
Impacts attendus et perspectives
L’immersion s’inscrit dans une stratégie de refondation de la société et de construction citoyenne. Elle vise à former des jeunes modèles de patriotes, prêts à contribuer à la société, que ce soit dans les universités, la fonction publique ou le secteur privé.
Le certificat délivré à l’issue du programme est désormais requis pour toute inscription universitaire ou formation professionnelle.
Le défi reste de généraliser ce programme à toutes les zones et filières tout en maintenant un équilibre entre rigueur pédagogique et esprit éducatif, sans basculer dans un format répressif. Les résultats de cette première cohorte permettront d’évaluer son impact sur le civisme, le comportement dans les établissements scolaires et l’évolution des mentalités sur les campus universitaires.
Cette première édition de l’immersion patriotique, qui s’est déroulée du 9 août au 9 septembre 2025 pour environ 60 000 bacheliers, constitue une étape majeure dans l’éducation citoyenne et la refondation sociale. Basé sur la discipline, le civisme et la solidarité, le programme a surpris et transformé, au-delà des réticences initiales.
Il offre aux jeunes une véritable incursion dans la conscience nationale et suscite un sentiment d’appartenance inédit, forgé par le partage, l’effort collectif et la projection vers un Burkina nouveau.
Assane BAGAYA / Cosmos Ouaga
