Médias privés : entre devoir d’information et défis financiers

La Direction Régionale de la Communication, de la Culture, des Arts et du Tourisme (DRCCAT) du Centre a organisé, le 22 août 2025 au gouvernorat de Ouagadougou, un cadre de concertation avec les journalistes et responsables de médias de son ressort territorial. Présidée par Mme Noëlle Octavie Neya/Ouédraogo, directrice régionale, la rencontre avait pour thème : « Devoir d’information et rentabilité financière des médias ». Y ont également pris part le directeur provincial ainsi que le président de l’Observatoire Burkinabè des Médias (OBM).

La première communication a été animée par Lemane Sidbité, directeur des affaires juridiques et des contentieux du Fonds d’Appui à la Presse Privée (FAPP). Il a rappelé que l’arrêté conjoint du 9 octobre 2023 a défini les conditions d’éligibilité, les modalités de gestion et de justification de la subvention annuelle accordée par l’État à la presse privée. « La subvention est désormais gérée par une commission indépendante composée en majorité d’acteurs des médias privés. Cela garantit une transparence dans la répartition des ressources », a-t-il indiqué.

Les fonds, qui ont progressivement évolué pour atteindre 320 millions FCFA en 2025, sont répartis à 95 % entre les entreprises bénéficiaires. « La moitié est attribuée de manière égalitaire à tous les médias éligibles, tandis que 30 % sont des bonus pour encourager le civisme fiscal et la régularité de diffusion », a-t-il ajouté. Les critères d’éligibilité exigent notamment une existence légale d’un an pour les médias audiovisuels, deux ans pour les médias en ligne, ainsi qu’une régularité vis-à-vis des impôts et de la législation.

Au-delà des subventions, le FAPP explore aussi d’autres mécanismes de financement, notamment des crédits en partenariat avec la Banque Wendkuni, allant de 1 à 150 millions FCFA, à des taux préférentiels pour soutenir les entreprises de presse.

La seconde communication a été présentée par Jean Marie Toé, directeur des rédactions du quotidien Sidwaya, qui a insisté sur le rôle vital des journalistes dans un contexte marqué par l’expansion des réseaux sociaux. « Ce qui fera notre différence, c’est la capacité à donner une information vraie, diversifiée et assumée. Contrairement aux internautes, nous ne pouvons pas publier une fausse nouvelle et la supprimer comme si de rien n’était. Nous avons un devoir d’excuse et de rigueur », a-t-il souligné.

Pour M. Toé, l’information est un droit fondamental pour le public mais aussi un devoir sacré pour les journalistes : « Nous devons préserver notre indépendance et prouver notre professionnalisme. C’est à ce prix que les médias resteront crédibles et utiles à la société ».

Cette rencontre a permis de renforcer la synergie entre la DRCCAT et les acteurs des médias, tout en posant un regard lucide sur les défis financiers et professionnels de la presse privée au Burkina Faso.

Cosmos Ouaga

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